Discours prononcé par Hubert Khalifé lors du Brunch du 25 septembre 2011

Mes Révérends Pères,
Cher Nagy, chers amis,

L’amitié, et même plus : la fraternité, nous réunissent aujourd’hui. Les années ont beau passer, elles ne ternissent pas le trésor des souvenirs, des rires et des chansons qui ont tissé entre nous des liens aussi forts, aussi précieux que ceux du sang et de la parenté. Mais il s’agit de rendre ce trésor actif, productif. Nous ne savons que trop ce qui arrive à celui qui enfuie peureusement le talent que son maître lui a confié … Je crois donc avoir une bonne nouvelle à vous annoncer. Mais commençons par la mauvaise, puisque, je vous rassure dès à présent, elle se termine en happy end.

Une institution qui ne connaît aucun accident de parcours n’est pas vraiment vivante, n’est-ce pas ? Notre association a été confrontée, en 2009-2010, à un abus de confiance qui a mis à mal sa trésorerie.

« Plaie d’argent n’est pas mortelle », dit le proverbe. C’est vrai, mais elle freine quand même l’élan et cause du chagrin. Il nous a fallu entrer en concertation avec le Collège et soumettre l’affaire au Recteur. Dieu merci, le Père Sion, avec autant de fermeté que de diligence, épaulé par le Père Dalmais et Nagy, a tout fait rentrer dans l’ordre… et dans les caisses…

Nous en avons profité, en tout cas, pour mettre au point un dispositif qui nous évitera à l’avenir ce genre de tracas. Et même, l’épreuve nous a rendus plus forts, plus vigilants. Il faudra par conséquent procéder à l’amendement des statuts, ce que nous serons nombreux à faire, j’ose l’espérer, lors de notre assemblée générale extraordinaire qui se tiendra vers la fin de cette année, dans deux ou trois mois, donc.

Cependant, si les soucis ont ralenti nos activités, ils ne les ont pas arrêtées. Entre 2008 et 2011, deux événements de qualité nous ont permis de nous rencontrer, l’un autour de notre camarade, l’humoriste Sami Khayath, malicieux, léger et profond à son habitude, et l’autre pour un hommage sincère, et tellement mérité, à Monsieur Camille Aboussouan. Son érudition, son rayonnement à la fois discret et intense nous ont donné une grande leçon de passion et de modestie.

A ce propos, nous avons eu l’immense joie de voir l’un des nôtres coopté par l’Académie française. Lui, il est « Le Passeur », terme qu’il affectionne, entre les multiples plages des hommes, et qui leur fait comprendre avec son sourire millénaire, qu’aucune différence, aucun différend, n’ont le droit d’être meurtriers.

Mais sobriété ne signifie pas nécessairement austérité. Durant cette même période, de bons dîners nous ont réunis, où la joie des présents n’avait d’égale que les regrets des absents. Plus nous en organisons, et plus on nous en redemande. Nostalgie du réfectoire et de la cafétéria du Collège ? Pourquoi pas ? Si vous le voulez bien, nous en organiserons un, ou davantage, par saison. Et aux très gourmands, nous assurons que le brunch d’aujourd’hui ne sera pas compté…

Oui, oui, je sais, mes Révérends Pères, que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». L’une des paroles du même Dieu enjoint aux disciples d’aller deux par deux annoncer la vérité qui sauve et qui réjouit. Pourquoi ces petits groupes ? Sans doute pour se sentir moins seuls dans un monde hostile à la vérité, au salut, à la joie.

L’idée prend forme et mérite vos conseils, votre appui et votre adhésion : celle d’enrichir notre association, la bien nommée, de clubs métiers regroupant les membres qui exercent la même profession. Si le club des académiciens risque de ne compter pour longtemps qu’un seul membre, celui de l’immobilier, de la finance ou de la santé ne souffre pas d’une telle pénurie.

Comparer les diverses expériences, échanger trouvailles et découvertes, ou même évoquer les chers vieux souvenirs, peuvent préparer un meilleur avenir. Ces clubs n’ont surtout pas la vocation de devenir des sectes ou des confréries. Bien au contraire : il s’agit de regrouper des intérêts professionnels communs autour des valeurs indémodables que nos éducateurs nous ont inculquées, puis, ensemble, d’aller de l’avant, plus forts, plus savants, plus responsables. Qu’en pensez-vous ?

Je ne pourrais pas conclure avant d’avoir rendu un sincère hommage à Aharon qui a rempli ses multiples fonctions au sein de l’AJFE avec autant de générosité que d’abnégation, son empreinte donnera pour toujours à notre association son cachet de sérieux et de générosité.
Le même hommage est certainement mérité par Nicolas qui, en tant que Président, en tant que Vice-Président, a donné à tous ceux qui l’ont approché un exemple de droiture et d’ouverture.

Leur départ nous attriste et le vide qu’ils vont laisser ne sera pas du tout aisé à remplir. Mais, par égard pour eux, nous n’allons pas nous attarder à des considérations qui attristent.

Par conséquent, autant pour ces délicieuses nourritures terrestres, que pour les spirituelles, je vous souhaite à tous un excellent appétit.

Hubert KHALIFE

 

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